« I guess I'm dreaming again. »

Je n'avais jamais bu de café de toute ma vie. Jamais. Et aujourd'hui, soudainement, j'ai très envie d'en boire un. Je me suis réveillée et je me suis dit « Hmm, j'ai envie d'un bon café. » Ça a dut me prendre environ cinq minutes avant que je me rende compte que ce que je venais de dire n'avait aucun sens. Je me suis mise à rire toute seule dans ma maison, comme une véritable folle, puis j'ai décidé que j'irais prendre ce café. Ouais ! Sans trop savoir pourquoi j'en avais tant envie, je me suis préparée et suis partie au Starbucks. Je ne me sentais pas comme d'habitude. La veille, avec Riley, j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps, j'étais désespérée, désemparée. Et, ce matin, je me suis levée et je sentais que j'allais exploser. Je ne m'étais jamais sentie aussi heureuse et vivante de toute ma vie, alors que quelques heures auparavant, j'étais déprimée, triste, je n,avais envie de rien. Ce matin je me réveille, et la seule chose dont j'ai envie c'est... un café. Plus je réfléchis, plus je me trouve bizarre. Et je n'avais pas mieux à faire que réfléchir, puisque j'avais décidé d'aller au Starbucks à pieds, et il est à plusieurs kilomètres de chez moi. Alors malheureusement, j'étais condamnée, pour le reste du trajet, à réfléchir et à me trouver de plus en plus étrange.

Comme à ma fâcheuse habitude, je poussai sur la porte d'entrée, alors que, en très gros, écrit juste sous mes yeux, était écrit « PULL » et pas « PUSH ». Je soupirai en voyant que je changerai jamais. J'allai commander un café. Là, ça se corsait. Il devait y avoir une vingtaine de sortes de cafés. Et il n'y avait pas seulement du café, il y avait des cappuccino, des expressos. Je fronçai les sourcils. Et, à mon habitude, j'étais dans la lune quand ce fut mon tour. La caissière me sortit de mes pensées, et, tout bêtement, je ne savais pas quoi lui répondre. J'ouvris la bouche, la refermai. Je levai les yeux et, toute nerveuse, je répondis tout simplement « Euh... un café. » J'étais toute sûre de moi-même. Mais ça ne s'arrêtait pas là. Café avec du lait ? Du sucre ? Avec de la vanille, ou un autre truc que je n'ai pas pigé car je ne suivais plus du tout, elle parlait si vite ! « Je... du lait et du sucre. » Bon, enfin, j'étais libérée ! Je payai mon café et alla m'asseoir à une table. Je soupirai profondément et croisa les bras sur la table, couchant ma tête sur mes bras. Je pris une grande inspiration puis, incertaine, je pris une gorgée de mon café. Heureusement que personne n'était assis devant moi, parce que la face que j'avais l'aurait fait fuir. Comment les gens peuvent boire ça ? C'est... inbuvable. Mais enfin... chacun des goûts. Je m'efforçai d'avaler au moins la première gorgée et ensuite je ne retouchai plus à mon café. Je m'essuyai les lèvres avec le revers de ma main, puis retombai aussitôt dans mes pensées confuses. Maintenant que je ne pensais plus à ce stupide café, les anciennes pensées refirent surface, malgré moi. Afin de ne plus penser à rien, je repris une gorgée de café. Hmm. Moins mauvaise, cette fois-ci. Comme quoi, on dirait que j'y prenais goût.

Bon. J'avais mon café, mais qu'est-ce que je faisais d'autre à part le boire ? Rien. Et justement. Les moments où je ne bois pas, je pense. Trop, même. Ma tête est envahie d'une multitudes de pensées plus compliquées les unes que les autres, et du coup, je ne sais plus quoi penser et je ne me comprends plus du tout. Et je pense surtout que je pense trop, et que je pense trop au fait que je pense trop... Heum, bref. Je fus soudain extirpée de mes pensées quand un bruit effroyable et strident me fit sursauter. Je levai les yeux. Vous n'imaginez pas ma surprise quand je vis Alex Boccardi assit devant moi. Mon cœur s'emballa, et je posai mon café car avec mes mains soudainement moites, j'aurais peine à le tenir. « Hey. Désolé. » Je posai ma main sur ma poitrine (pas sexuellement parlant, je vous rassure) et soufflai un bon coup. Puis, je pus reprendre mon souffle, tout en souriant, afin de lui montrer que tout était correct. Je n'allais pas avoir d'attaque, et je n'allais pas faire de crise d'épilepsie. « C'est rien, c'est rien. »

J'étais déjà vraiment ravie et contente qu'il soit là, devant moi. Mais je l'étais encore plus quand il répondit à mon sourire. OUI, je sais, je deviens complètement gaga et je souris comme une conne quand il est là. C'est un peu comme un inconvénient, parce que parfois je peux rester des minutes entières à sourire sans arrêt, ce qui peut être gênant, certaines fois. « J’te dérange pas? T’avais l’air complètement perdue dans tes pensées. » Il me demandait si il me dérangeait. Si il me dérangeait ? Au contraire ! Je préférais sa compagnie à celle de n'importe qui d'autre - n'importe qui sauf Riley, évidemment, car je ne m'amuse pas autant avec quelqu'un d'autre qu'elle. Bref. Et puis, je ne peux pas ne pas apprécier sa compagnie, il m'est complètement impossible de me fâcher contre lui, le détester ou trouver quelque chose qui m'énerve chez lui. « Non, non, heum... j'étais juste, dans ma bulle. Mais t'inquiètes, je... j'suis contente de te voir là. » Affirmai-je, avec un petit sourire. Puis ensuite, un petit silence s'installa. Dès que je recroisais son regard, je replongeai mon attention sur mon café. C'était pas très subtil, mais j'osais espérer qu'il ne se doutait de rien. Je préférais juste qu'il l'ignore, pour le moment. Je venais à peine de le rencontrer. J'étais déjà très mordue, il faut l'avouer. Mais, chez moi, dire à un garçon qu'il me plaît dès que je viens de le rencontrer... ça ne se fait pas, enfin, selon moi. Et puis, de toute façon, même si j'avais l'intention de lui en faire part, je n'arriverais pas à lui dire. Toujours aussi lunatique, tout en jouant machinalement dans mon café avec mes doigts - pas très hygiénique, et surtout, même après que ma mère m'ait répété maintes et maintes fois de ne pas jouer avec la nourriture -, j'osais espérer que ce soit lui qui aborde un prochain sujet. J'étais toujours à sec, dans ces moments-là. Et surtout, je déteste le silence. Je n'avais surtout pas envie qu'Alex me trouve timide, ou alors sans intérêt, ou encore antisociale. Le pire, ce serait qu'il pense les trois. Mais avec le peu que je connais de lui, je doute qu'il puisse penser des trucs pareils. Alex est un mec bien, et c'est l'une des raisons pour lesquelles je l'aime bien.

Je fus de nouveau sortie subitement de mes pensées quand la personne assise derrière moi fit reculer sa chaise, qui frotta très peu discrètement sur le plancher et provoqua un bruit effroyable. Une nouvelle fois, je sursautai. J'eus le réflexe de regarder la personne derrière moi. Rapidement, je reportai mon attention sur mon interlocuteur, avec qui j'échangeais peu de paroles. Je n'avais aucune idée de ce que je pouvais bien lui dire. Alors, stupidement, et surtout, à court d'idées, je fus bête de lui demander ; « Alors, tu.. tu vas bien ? » Mais cette courte question était... trop courte, voilà. « Je veux dire, ça te plaît, ici ? Ça fait pas trop changement de l'Angleterre ? » Hum, pas mal, O'Connor, tu as déjà l'air moins antisociale et à court de vocabulaire.